LES MASSEURS BIEN ETRE ONT CONQUIS UNE NOUVELLE CLIENTELE

Pour le massage bien-être, il y aura bien un avant et un après Covid, selon le vice-président de la Fédération française de Massage traditionnel de relaxation (FFMTR), Éric Darves-Bornoz, également fondateur de l’Institut Hypoténuse.

Eric Darves-Bornoz

Profession bien-être : Comment se passe le déconfinement des masseurs ?

Éric Darves-Bornoz : Aussi bien que pour les esthéticiennes, mais nous sommes encore passés par une sorte d’imbroglio juridique. Comme les masseurs disposent du même code APE (9604Z) que les spas et les grands centres thermaux, le gouvernement avait demandé que, par «solidarité», les masseurs ne reprennent pas leur activité en même temps que les esthéticiennes.

De quoi provoquer la grogne de nos adhérents ! On peut comparer le cas à celui des restaurants. Lorsqu’ils ont été autorisés à rouvrir leur terrasse, ceux qui n’en possédaient pas n’ont pas pu reprendre d’activité. Je n’ai pas cru remarquer que les autorités invoquaient la même «solidarité» pour que les restaurants avec terrasses ne travaillent pas…

Nous avons expliqué la situation à nos adhérents et leur avons laissé le choix. Mais depuis la réouverture des spas et des centres thermaux, cette restriction n’a plus lieu d’être, et les masseurs arrivent heureusement à remplir leur planning de rendez-vous.

Comment s’en sont-ils sortis financièrement ? Ont-ils reçu des aides ?

Ils n’ont pas reçu d’aides spécifiques et très peu ont été indemnisés de quoi que ce soit. Celles qui s’en sont le mieux tirées, ce sont les praticiennes qui étaient aussi esthéticiennes, car elles ont pu faire jouer le Fonds national de solidarité. Mais ce sont des exceptions.

Les masseurs ont-ils besoin d’un soutien particulier ?

Peut-être pas pour les trois mois d’été. En effet, si vous comparez avec l‘année dernière à la même période. Ils ont réalisé d’excellents scores financiers à la sortie du premier confinement. En revanche, ils auront besoin à terme qu’on reconnaisse la pertinence de leur rôle et leur importance. Ce qui n’est pas encore le cas, le massage restant encore trop souvent synonyme de luxe.

Vous envisagez un fléchissement à la rentrée ?

Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. Bien au contraire, la rentrée s’annonce sous les meilleurs auspices, en particulier pour les praticiens en massages bien-être. Je distingue ici le praticien, qui va accompagner un client à moyen ou long terme, et le technicien en massage qui lui assure un «one shot», à savoir un soin ponctuel, principalement fondé sur la relaxation.

Comment se traduit la différence ?

Par l’attitude des clients, qui a totalement changé depuis la crise. Non seulement ils ne manifestent aucune crainte à retourner chez leur masseur, mais ils sont de plus en plus demandeurs. Anxiété, stress, peur de la maladie… Nous avons vraiment l’impression qu’il y a eu une prise de conscience qu’il fallait surveiller sa santé de façon naturelle et au long cours.

Nos adhérents ont tous été formés pour effectuer un suivi du client. Et nous constatons que, depuis les confinements, les clients sont beaucoup plus conscients de l’efficacité d’un suivi plutôt que des bénéfices d’un massage isolé. Ils se sont rendu compte qu’ils avaient besoin de soutien. Et ça, c’est nouveau. Avant la crise, nous avions un public de connaisseurs. Aujourd’hui, nous avons conquis une nouvelle clientèle, plus large et plus demandeuse. Notre public a changé, et en bien !

Cette « prise de conscience », c’est celle de l’efficacité du massage ?

Pas seulement. Oui, nous avons des résultats. Quand vous obtenez une perte de poids de la personne de 11 kg en huit séances de massages, le soin est forcément intéressant. Mais la véritable efficacité n’est pas là. En fait, le praticien propose un plan d’action qui analyse les raisons de la prise de poids. En stimulant ensuite le métabolisme, on déclenche des prises de conscience incroyables.

Cette demande de prise en charge est bien réelle. Et l’avantage, c’est que ce n’est pas douloureux ni contraignant pour le client, comme peuvent l’être une psychothérapie ou une analyse. Tout ce qu’on lui demande, c’est de s’allonger sur une table et de lâcher prise. Ce n’est pas un effort.

Vous misez sur un effet d’addiction ?

Le mot est fort, mais résume bien l’attrait que peut représenter un programme de massages bien conçu. Et chacun peut le mener à son rythme en fonction de son emploi du temps et de ses moyens.  Il suffit d’un massage par mois, de façon régulière, pour obtenir des résultats positifs. Et question coût, cela équivaut à quatre apéros à la terrasse d’un café. Donc, le choix se résume à : pastis ou bien-être sans modération !

Propos recueillis par Siska von Saxenburg.

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